Harcèlement, si on en parlait
Climat scolaire Aroéven de Poitiers
La Nouvelle Répblique le 14 mai 2017
Invité par le collège Jean-Rostand de Neuville à l'initiative d'Audrey D'Incau, assistante d'éducation, Sylvain Godfroy est fondateur de l'association Joue pas avec ma vie, qui lutte contre le harcèlement. Carrure imposante, piercings et crâne rasé, Sylvain en impose et son propos est d'autant plus saisissant lorsqu'il raconte qu'il a été tellement harcelé à l'école, battu et martyrisé, qu'il en garde les séquelles physiques et psychologiques. Après un début de conférence-débat empreint de timidité de la part des ados, légèrement en retrait, il réussit à les faire parler en illustrant souvent questions et réponses de son ressenti personnel en tant qu'ancien harcelé et père de deux adolescentes. Sa conférence se déroule autour de diapos, toutes en noir et blanc, décrivant les diverses étapes du harcèlement, les situations classiques, le processus qui aboutit à l'exclusion, au racket du primaire au collège et même après. Ce diaporama a été réalisé avec des enfants et est d'autant plus convaincant.
Harcelé harceleur ?
Sylvain Godfroy évoque ses deux tentatives de suicide, l'enfer qu'il a vécu. Il décrit l'attitude des trois singes « qui ne voient pas, n'entendent pas et ne parlent pas », insistant sur le fait qu'il vaut toujours mieux parler que garder le silence pour ne pas passer pour une balance. Il fait réfléchir sur la définition du harcèlement, les situations de faiblesse ou de handicap, le bégaiement, la corpulence, les différences, physiques, psychologiques… Et n'hésite pas à manier l'ironie : « Pourquoi faire autant de mal pour des histoires de fringues et se moquer de ceux qui ne portent pas de vêtements de marque ? Vous croyez avoir tout inventé ? Mon bomber des années 80, je pourrais le ressortir. Il est redevenu à la mode. Les tendances sont un éternel recommencement… »
Il évoque tous les cas de harcèlement jusqu'à la mise à l'index pour homosexualité. Sylvain explique qu'il travaille également avec des harceleurs. « La violence qu'on a subie peut vous faire basculer jusqu'à devenir vous-même violent ou harceleur. »Enfin, son souhait le plus cher, il le clame aux collégiens, c'est qu'ils relaient le message car c'est eux qui sont l'avenir.
Cette conférence sera suivie de la création d'une vidéo de 2 minutes réalisée par des élèves sélectionnés du collège. Elle sera présentée au concours national « Non au harcèlement », en novembre prochain. Les prix décernés permettront de développer des actions contre le harcèlement. Jeudi, ce sont les élèves de 6 eet 5 equi ont planché sur le sujet grâce à des ateliers organisés par l'association Aroeven*.
*Aroeven : Association régionale des œuvres éducatives et de vacances de l'Éducation nationale.
Lien : https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/le-harcelement-si-on-en-parlait